top of page

L'invisible fil - Entre art textile et peinture contemporaine

  • Patchacha
  • 12 nov.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 nov.

Souvent, on me demande si je me considère davantage comme peintre ou comme artiste textile. Pourtant, pour moi, ces deux pratiques ne forment qu’un seul langage. Elles respirent ensemble.

Les foulards que je teins et les tableaux que je peins partagent une même recherche de couleur, de texture et de profondeur. Dans l’un comme dans l’autre, il s’agit de capter la vie du végétal, la lumière changeante, l’émotion d’un instant. Ce dialogue silencieux entre la fibre et la toile façonne mon travail d’artiste contemporaine.


Dans cet article, j’aimerais partager le lien entre art textile et peinture contemporaine qui traverse toute ma démarche : un fil invisible, un dialogue qui unit la lenteur du végétal à la spontanéité du geste pictural.

La teinture, premier lien entre art textile et peinture contemporaine


Ma rencontre avec la couleur remonte à mes premiers tableaux textiles. À l’époque, je cherchais un ton de ciel précis, un bleu doux, presque intérieur. Pour tout dire, le bleu d'un ciel breton ! C’est cette quête de justesse chromatique qui m’a menée vers la teinture.


Au début, j’utilisais des pigments artificiels, faciles à maîtriser, aux nuances franches et immédiates. Puis j’ai ressenti le besoin d’aller vers quelque chose de plus vrai, de plus vivant : les pigments naturels, issus des plantes, des racines ou de la terre.


Ce cheminement a été long. Il m’a fallu expérimenter, observer, accepter les échecs. Et il y en a eu !

Mais cette lenteur m’a appris l’essentiel : la couleur naît du temps. Contrairement au geste du pinceau, où la trace se voit aussitôt, la teinture demande de laisser agir l’eau, la chaleur et le végétal. C’est un processus d’alchimie et d’attente.


Panneau textile décoratif teint naturellement, tons ocre, terre et marron

Dans cette école de patience, j’ai découvert la profondeur. Une profondeur de ton, mais aussi de sens. Les couleurs naturelles vibrent différemment : elles se déposent dans la fibre, elles respirent.


Cette approche du temps long s’est naturellement invitée dans ma peinture. Quand je prépare un fond de toile, je superpose les couches, je laisse sécher, je reviens plus tard. C’est le même rythme intérieur, la même écoute du geste et du silence. Là encore se dévoile le lien entre art textile et peinture contemporaine.


Du tissu à la toile - Quand la texture devient chemin.


Avant la peinture, il y a eu le tissu et la broderie contemporaine, constituée de points très "graphiques". Le contact avec la matière a toujours guidé ma main. J’ai besoin que la surface ait du relief, qu’elle retienne la lumière, qu’elle porte une mémoire tactile.


Détail de texture picturale – lien  art textile et peinture contemporaine


Ce goût du toucher m’a naturellement conduite vers la technique mixte, où les papiers, les fibres et les pigments se mêlent pour créer des paysages abstraits.


La teinture, elle aussi, m’a appris à aimer l’imprévu : le hasard du bain, les marbrures, les zones plus claires. Rien n’est totalement maîtrisable, et c’est là que réside la beauté. Les Japonais appellent cela le wabi-sabi, ou l’art de trouver la grâce dans l’imperfection.


Cette philosophie habite désormais mes tableaux : chaque trace, chaque empreinte, chaque irrégularité devient un chemin à part entière.


Texture picturale inspirée de fibres et pigments naturels.

Je retrouve dans mes œuvres picturales la même vibration que dans les foulards teints naturellement : une profondeur douce, une impression de mouvement intérieur.


Le motif de la ligne sinueuse, présent dans des tableaux comme Embruns ou S’évader, est directement inspiré de la manière dont le pigment se diffuse sur le tissu. Rien n’est figé. Tout circule. C’est l’anti-ligne droite : celle de la vie, de la nature, du souffle.


La palette naturelle : une signature artistique.


Les teintes végétales ont façonné ma palette picturale.


Les ocres terreux, les bleus marins profonds, les rouges sombres, les gris doux et les blancs légèrement nacrés composent aujourd’hui la base de mon univers chromatique.

Ce sont les couleurs de la nature, mais aussi celles de l’intériorité : elles traduisent le calme, la respiration, la lente transformation.


Détail d'un tableau moderne représentant des arbres sur un fond beige avec des rehauts de rouge

Quand j’applique ces tons à mes tableaux, j’ai l’impression de retrouver la même émotion que dans un bain de teinture : une couleur vivante, jamais uniforme, toujours en dialogue avec la lumière. Elles créent une atmosphère enveloppante, presque méditative.


J’aime penser que celui ou celle qui regarde un de mes tableaux puisse ressentir cette lenteur bienfaisante, cette invitation à la contemplation.

Un fil invisible entre matière et émotion.


Teindre, peindre, superposer, attendre, recommencer…Chaque geste m’enseigne la même chose : il faut du temps pour que la matière parle.


Dans mes foulards comme dans mes tableaux, il y a ce fil invisible qui relie la nature à la main, et la main à l’émotion. Ce lien entre art textile et peinture contemporaine, tissé tout au long des années, est devenu ma signature : une manière d’unir la fibre, les textures, la couleur et le souffle.


J’aime que la couleur respire, que la texture vive, que le regard se pose et s’apaise.

C’est sans doute cela, au fond, mon véritable sujet : l’accord entre la patience du végétal et l’urgence du geste.




Et vous, qu’évoque pour vous la texture d’un tissu ou la couleur d’un paysage ?

4 commentaires


fordurond
18 nov.

PS : je n'ai pas signé AVOINETTE !!!

J'aime
Patchacha
18 nov.
En réponse à

Je t'avais reconnue 😘!

J'aime

fordurond
18 nov.

Oh, je me souviens très bien de ton cheminement, de tes essais, de tes recherches, et de tes résultats bluffants ...

Perso, si j'aime à toucher les tissus, les broder, les assembler, je trouve que je ne sais pas me projeter hors des sentiers tout tracés ... c'est pourquoi j'admire les personnes comme toi qui arrivent à de tels réusltats et qui savent les expliquer !

Je me souviens d'une exposition d'une dame qui vit dans les montagnes Pyrénéennes, qui faisait des tableaux de différents tissus, les coupichait, les superposais, les brûlait même ... j'étais subjuguée ! Et elle, était toute timide et pensait qu'elle n'était pas une artiste ....

Bon, ça ne va pas encore être possible de venir…

J'aime
Patchacha
18 nov.
En réponse à

Ah, mais moi aussi je souhaite t'accueillir sur une expo ! On n'est pas passé loin à certains moments, nous y arriverons un jour. Je suis en tout cas ravie de te retrouver ici !

J'aime
bottom of page